12/03/2012

Le Concert des Carpes du Léman

Le Concert des carpes du Léman, orchestré par Sarah Venturi, performance, préambule à la remise du Galet d'Or, Tournoi de ricochets de la FMR-Fédération Mondiale de Ricochets, Le Château des Jeux, Musée Suisse du Jeu, La Tour-de-Peilz, 12 septembre 2010: http://youtu.be/kxjj98lh_xg
Lettre de l'FMR N°11

Chers amis de la Fédération Mondiale de Ricochets

ce mail pour vous communiquer cette adresse où pouvez voir la vidéo de Corinne Geffray, HOMO LUDENS, consacrée au championnat du monde de ricochets qui a eu lieu à Paris le 19 juillet 2011. D'autres vidéos du championnat sont visibles sur le Web à la rubrique Google "Championnat du monde de ricochets à Paris".

http://vimeo.com/30069801

Lettre de l'FMR N°10


COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Dans le cadre du 28ème Festival les Uns chez les Autres la Fédération Mondiale de Ricochets organise le premier championnat du monde de ricochets à Paris le 19 juillet 2011, à 17h dans le Parc de La Villette, quai de la Charente, en présence du champion du monde Russell Byars.
Festival Les uns chez les autres  
Poétique de la relation, poétique de la création, poétique de l’insolite... pour tous ! Tous les 19 du mois, les uns s’invitent chez les autres dans le 19ème. Des échanges de pratiques artistiques et culturelles entre habitants, associations, artistes, commerçants... pour fabriquer des expériences nouvelles, pour donner la parole aux uns et aux autres, pour être curieux de nos différences, pour découvrir de nouveaux lieux, pour se sentir bien vivant, pour sortir des cloisonnements communautaires, pour vivre la Ville. Depuis maintenant deux ans, sous l'impulsion de Julie Navarro, adjointe au Maire chargée de la culture, les uns chez les autres défend la force de l'art dans la ville comme signal de mémoire, comme levier social, comme levier de questionnement, comme source de plaisir, de découverte, comme levier d'entraînement, source de projets collaboratifs, source de connaissance de l'autre et de soi".Groupe facebook Festival les uns chez les autres

Fédération Mondiale de Ricochets
La Fédération Mondiale de Ricochets (FMR) a pour but de développer le jeu des ricochets en tant que discipline sportive et pratique artistique. Jeu de force et d'adresse, comparable au lancé de disques, le ricochet est aussi un dessin éphémère qui s'inscrit et s'efface sur l'eau. Par l'intermédiaire de conférences et de tournois, la FMR développe les aspects techniques de cette pratique tout en proposant une réflexion d'un point de vue philosophique, artistique et écologique. En relation avec les conditions pratiques du jeu de ricochets, la FMR défend les plans d'eau menacés par la
pollution, la sécheresse, l'irrigation intensive, le manque d'entretien. Les sites des tournois sont choisis en France ou dans d'autres parties du monde, de manière à porter l'attention des joueurs et du public sur cette question. Depuis sa création en 2009, la FMR édite via le net un bulletin bi mensuel - La Lettre de l'FMR - sur des sujets aux croisements de l'art et de l'eau.
Championnat de ricochets à Paris 
Il y a encore quelques mois un tournoi de ricochets en plein Paris passait pour une idée folle. La rencontre entre le Festival Les Uns chez les Autres,dont l’un des objectifs est de faire découvrir les lieux singuliers du XIXème arrondissement à travers des événements culturels, et la Fédération Mondiale de Ricochets, a rendu ce projet possible. Le rond-point des canaux, véritable lac artificiel à la croisée du canal de l’Ourcq et du canal Saint-Denis a été choisi comme site du tournoi et équipé, quai de la Charente, dans le Parc de La Villette, d’un ponton qui permettra aux joueurs de trouver les meilleurs angles de tir, au
ras de l’eau. Le choix du canal de l’Ourcq est symbolique : creusé au début du XIXème siècle, il avait la particularité d’alimenter la ville en eau potable et d’être en même temps une voie de navigation. C’est un exemple, pour ceux qui, artistes, scientifiques et amateurs de plans d’eau ou de ricochets, pensent aujourd’hui la dimension vitale de l’eau.

Le déroulé
10h à 16h Confection des galets (ateliers ouverts, gratuits) participations d'artistes, habitants,enfants // quai de la Charente (face à la péniche de l'eau, et du bar La Plage, parc de la Villette)
17h à 20h00 Le championnat (quai de la Charente)
20h30 - 1h Cocktail offert à la Péniche cinéma à deux pas du tournoi (59, bd mac donald 75019 Paris, Canal de l'Ourcq - Parc de la Villette)

L’art des ricochets
Le ricochet est un jeu – il s’agit de réaliser le plus grand nombre de rebonds sur l’eau en lançant un projectile - et un art consistant à trouver ou à fabriquer le meilleur galet pour réaliser un dessin sur l’eau. Ce dessin, à chaque lancé, est aussi celui d’une vie qui rebondit et s’avance vers le coulé final. Une partie des galets utilisés pour la compétition sera fabriquée en argile le 19 juillet sur le site du tournoi et exposée de 10h à 16h,
avec la participation d’artistes, notamment Damien Cabanes, Nina Childress, Frédéric Lecomte,Alexandra Loewe , Ariane Pasco, Jean-Louis Raymond, Agnès Rosse, Dominique Sassy, Alain
Séchas, Pierre Tilman, qui ont déjà répondu à notre appel. La cérémonie d’ouverture aura lieu à 17h, avec un lancé de galets-drapeaux aux couleurs des états du monde par Cyril Jarton. Une
performance de Sarah Venturi « Légende dorée » se développera pendant le tournoi et la remise du trophée « le Galet d’Or ».
Un tournoi ouvert à tous : Le ricochet est une discipline neuve dont l’histoire se construit aujourd’hui même avec ceux qui se risquent à l’art de faire rebondir des galets sur l’eau. Il suffit donc de s’inscrire et de demander le déroulé des épreuves en envoyant un mail à la FMR - fm.ricochets@gmail.com - ou en remplissant une fiche d’inscription disponible à partir du vendredi 8 juillet dans le Parc de La Villette et à la Mairie du XIXème arrondissement. Les joueurs peuvent s’inscrire dans la catégorie A (- de 15 ans) ou dans la catégorie B (quinze ans et plus). L’épreuve de qualification, le 19 juillet à 17h30, consistera à réaliser, pour la catégorie A, plus de 10 rebonds en trois lancés ; pour la catégorie B, plus de 15 rebonds, en trois lancés.
Les joueurs qualifiés pourront se mesurer à Russell Byars, venu pour l’occasion de Pennsylvanie et détenteur du record du monde avec 42 rebonds. Le vainqueur du tournoi sera récompensé du
Galet d’Or et les autres finalistes recevront les prix offerts par la Sarl TheDstock.com, partenaire de l’événement. En préparation du 19 juillet des séances d’entraînement seront proposées dans le Bassin de La Villette et des ateliers organisés avec des associations du quartier comme le Cafézoïde.
Cocktail et projections de vidéos sur la Péniche Barouda
A partir de 20h30 la soirée se poursuivra par un cocktail offert par la Mairie du XIXème arrondissement et de projections de vidéos sur le thème de l’eau, avec « La grande traversée » de Thierry Mouillé, des propositions de Pascal Lièvre, Damien Cabanes, Sarah Venturi et une sélection du Frac Ile-de-France proposant des œuvres de Keren Cytter, Vincent Ganivet, Noam Toran et Corey McCorkle .


Contacts

Cyril Jarton et Sarah Venturi, organisateurs, président et vice-président de la Fédération mondiale de Ricochets fm.ricochets@gmail.com.

Festival Les Uns chez les Autres, delphine.vieira@paris.fr;

La Péniche Barouda
Canal de l'Ourcq - Parc de la Villette
59, boulevard MacDonald 75019 PARIS
Tél. : 09 54 73 00 95


Inscriptions au tournoi : fm .ricochets@gmail.com


Partenaires


Lettre de l'FMR N°9

LA LETTRE DE L’FMR N°9
Mai 2011

Corinne
GEFFRAY, photographies (Honfleur, 30.04.11)
Ricocheurs: Corinne GEFFRAY, Cyril JARTON, Jean-Louis RAYMOND, Sarah VENTURI

Expérimentations de ricochets entre le
Mans et Honfleur (29.04.11-01.05.11)
Tests effectués à partir de galets en terre crue - porcelaine, grès... - de différents calibres et formes, fabriqués par les participants.



Lettre de l'FMR N°8







































Lettre de l'FMR N°7


Lettre de l'FMR N°6




Lettre de l'FMR N°5


































Sans titre 2004, peinture de Sylvie Fanchon composée en écho à une visite à l’étang des fayards (Mazerolles, Poitou-Charentes) sera mise en vente sur eBay à partir samedi 18 septembre 2010 à 17H30 jusqu’au mardi 28 septembre 2010 à 17H30. Cette vente au profit de l’association FMR permettra de financer les travaux de restauration de l’étang des fayards menacé d’envasement. Les modalités de la vente seront précisées dans un prochain mail, avant l’ouverture des enchères.
Sylvie Fanchon, sans titre, 2004,
46X55 cm, acrylique sur toile

Le 5 décembre 2009 23h02, Cyril Jarton a écrit :
Bonjour Sylvie, pour ouvrir cet entretien, peux-tu me raconter ta première rencontre avec l'étang des fayards?
...
Le 6 décembre 2009 16:56, Sylvie Fanchon a écrit :
C'était vers la fin Juillet 2004 ou 2005. Il faisait très beau et chaud, en fin d'après-midi. L'ensemble des "fayards" se donne d'un coup, l'étang et la maison, ils se découvrent au tout dernier moment après une courbe de la route de campagne qui passe devant. Ce qui m'a plu c'est tout d'abord les proportions de l'ensemble : comme une miniature,l'étang est tout rond, petit, bordé face à la route par une forêt de hêtres. À la nuit, la lune s'est élevée derrière la rangée d'arbres devenus noirs se dessinant sur le ciel, l'eau sombre agitée seulement par quelques clapotis, parsemée de points lumineux et fugaces. J'étais dans un tableau de Caspar Friedrich. Je ne me suis pas baignée, mais je restais des moments à regarder l'eau, parfois vous y plongiez, d'une série de brasses vous le traversiez. Le temps est différent au bord de l'étang. La maison, sur son bord, la maison des contes de fées ou de sorcières... Cet ensemble est un archétype de l'idée de l'étang bordé de sa bicoque au fond d'une forêt. Quand j'y suis retournée l'été 2009 j'ai bien vu que la vase a gagné. Gagné sur l'eau. Une ombre plane sur l'ensemble, qui toujours gracieux, s'alourdit d'une menace,la couleur a changée, l'humidité s'installe,les mauvaises herbes prolifèrent et les moustiques aussi. L'étang va être dévoré par la vase, il va se transformer en marécage si rien n'est fait pour le sauver.
...
Le 17 décembre 2009 22 :32, Cyril Jarton a écrit
En effet, la vase gagne. L'étang des fayards et beaucoup comme lui dans le Poitou-Charentes sont en voie d'extinction : ils ne sont plus entretenus et des lois drastiques interdisent de les vider facilement. En règle générale, rares sont ceux qui saisissent la poésie des étangs. Pour beaucoup d'écologistes et pour les touristes, ce sont des eaux dormantes, inquiétantes, impropre à la baignade et qui ne correspondent pas à l’idée (kitsch!) de l'eau transparente, pure, etc... Pour les amateurs de pureté, les étangs sont des lieux troubles. C'est ce qui m'intéresse, justement, ce trouble. Le trouble plutôt que le pur : à travers la vie et la mort des étangs, c'est une question philosophique qui se joue. Mais nous devons avant tout combattre, dans l’urgence, avec des moyens techniques,politiques, et surtout économiques - c'est ce que tu as proposé de faire en offrant à l’association de vendre un de tes tableaux pour financer les travaux de restauration de l'étang des fayards. Merci pour ton engagement ! Si une peinture peut sauver un étang, chapeau. La particularité de l'étang des fayards - en dehors du fait que la Fédération Mondiale de Ricochets est née sur ses berges - est celle-ci : fayard est l'autre nom du hêtre. À cet endroit, comme tu l'as écrit, les hêtres se reflètent dans l'étang. C'est en Charente, près des étangs, que j'ai lu le gros volume de Heidegger, Être et Temps. Je me souviens de cette lecture comme un va-et-vient entre être et hêtre, étant et étang, un jeu de reflets, de déplacements... Si je transpose aux fayards la trame Heideggerienne, voici que les reflets des hêtres dans l’étang ouvre et démultiplie ma perception en la plongeant dans un flux de lumière, de remous, de couleurs qui ne cessent de changer, selon les heures du jour ou de la nuit ou le caprice de la carpe qui saute.
...
Le 19 décembre 2009 08:36, Sylvie Fanchon a écrit :

J'aime beaucoup cette histoire d'étang, de hêtres, d'être. Il est vrai que s'asseoir sur sa berge favorise le vide dans la tête et que c'est bien agréable. Nous aimons tous nous asseoir au bord de l'étang et laisser filer notre esprit comme des pécheurs à la ligne. Si je t'ai proposé de participer à la rénovation de l'étang c'est pour pointer le fait que l'étang des fayards est négligé, pour nous inciter à balayer devant notre porte ... C'est exact aussi de dire que la peinture et la contemplation font parfois bon ménage,je voyais des petits éclairs blancs dans l'eau des ovales fugitifs et après je me les suis remémoré pour un tableau noir avec des ovales blancs,je voulais entre autres, restituer cette sensation visuelle. Je ne suis pas intéressée par l'étude de la nature, mais quelquefois la nature remplace l'image, je dirais même que l'image précède la nature dans le sens où l'étang est une image d'étangs
...
23 décembre 2009 04:23, cyril jarton a écrit

Je suis bien d'accord : avant d'aller lancer nos galets en Afrique ou en Russie, sauvons cet étang-là; cet étang-là qui est un "être" central dans notre histoire. Moi non plus, je ne pense pas qu'il faille prendre la nature comme modèle, ni même, d'ailleurs, qu'il existe quelque chose comme "la nature" - il y a plutôt des sites, des endroits et certains de ces endroits concentrent une énergie très forte - n'est pas de ce rayonnement dont tu parles comme l'une des sources de ton tableau noir et blanc? Dans ce coin, précisément, entre l’Arbre et la Rochefoucauld, la terre est ferrugineuse et lorsqu'un orage arrive, il s'attarde longtemps et se déchaîne. J'ai de merveilleux souvenir d'éclairs au-dessus de l'étang, des bruits de pianos tombant du ciel, soirée à la bougie à cause de l'électricité qui avait sauté. Je me revois aussi, plus tard, au soleil, en train d'écouter la radio et je me suis demandé - pourquoi est-ce que je ferais la guerre contre les Irakiens ou les Iraniens? Je me suis dit, par contre, ce qui vaut la peine, c'est d'empêcher les grands axes routiers d'arriver jusque-là, et les camions de marchandises et toute cette lèpres de pseudo-maisons en série qui dévastent le paysage. Oui, balayons devant notre porte : il m'emmerde avec leur confort - dire qu'on fait la guerre pour que des gens puissent mettre de l'essence dans le réservoir de leur bagnole! Dire qu'on construit ici tout genre de saloperie atomique en demandant aux autres de ne pas en faire autant! Voici le genre de pensées qui viennent au bord de l'étang des fayards. Des pensées de résistance. Il faut dire que dans ces forêts, autour de nous, passait la ligne de démarcation - nombreux, pendant les années 1942 ou 43 ont franchi cette ligne dans le coffre de la voiture de mon grand-père qui fonctionnait alors avec un alcool de betterave, je crois.
...
4 janvier 2010 16:11, Sylvie Fanchon a écrit :

Qui a parlé de rayonnement, c'est un monde technik que le nôtre, je pense qu'il faut ruser avec son époque; c'est d'une certaine façon ce que fait ton grand-père. Mais le problème n'est pas tant le pétrole que la quantité de pétrole qu'il faut chaque jour dans le monde ; ce serait pareil pour la betterave : il en faudrait des quantités telles que... en fait c'est le gigantisme des besoins de l'humanité auquel il faut trouver des solutions, privilégier l'action restreinte.
...
5 janvier 2010 09:17, cyril jarton a écrit

Oui, l'action restreinte... Se concentrer sur un lieu, un temps, un étang précis. Les lieux définissent les contraintes auxquels doit s'adapter la technique - et non le contraire. On creuse un étang là parce que la terre est propice, il y a un fond argileux qui retient les nappes d'eaux - dans le cas des fayards le terrain vallonné a aussi permis, jadis, de créer des réseaux d'étangs s'alimentant les uns et les autres, et actionnant des roues, alternativement, au moyen d'un système de vannes. Construire à partir d'une topographie, d'un environnement spécifique, c'est le contraire de faire surgir des lotissements cafardeux le long d'un axe routier ou de noyer une vallée en détournant un cours d'eau. Se pénétrer, d'abord, de l'esprit du lieu - c'est ce qui manque systématiquement aux projets dévastateurs qui rendent ce monde laid et hostile. Tout chantier devrait commencer par un long moment de méditation, in situ, où seraient réunis les intéressés, constructeurs, politiques, riverains, poètes... Il faudrait ensuite parler du site, échanger des points de vue, des rêveries, des idées - c'est quoi, ici, là, devant nous, dans nos yeux, sous nos pieds? Ceux qui auront quelque chose à dire et à partager pourront alors passer à l’action ;
seulement ceux-là.
Le 6 janvier 2010 12H13, Sylvie Fanchon a écrit
Cyril je pense que l'on peut s'arrêter là qu'en dis-tu? Il faut préciser que l'action restreinte est un terme mallarméen et non de moi.

Lettre de l'FMR N°4


Lettre de l'FMR N°3


LA LETTRE DE L’FMR N°3

FÉVRIER 2010


AU SOMMAIRE :

ÉPHÉMÈRES, UN TEXTE DE SARAH VENTURI PRÉSENTANT CES INSECTES « FRÈRES » DE NOTRE ASSOCIATION - MAIS AUSSI DE TOUS LES INSECTES AILÉS – AUJOURD’HUI MENACÉS PAR LA POLLUTION DE L’EAU.

EN CONTREPOINT, UNE NOUVELLE TRADUCTION DE L’ARTICLE DE PIER PAOLO PASOLINI - LE VIDE DU POUVOIR OU L’ARTICLE DES LUCIOLES - PROPOSE UNE LECTURE POLITIQUE DE LA DISPARATION D’UN AUTRE INSECTE, LA LUCIOLE. CE TEXTE EST PARUT LE 1ER  FÉVRIER 1975, IL Y A PRÉCISÉMENT TRENTE CINQ ANS AUJOURD’HUI ; IL EST PLUS QUE JAMAIS CONTEMPORAIN.


--
FÉDÉRATION MONDIALE DE RICOCHETS
41 rue de Nantes 75019 Paris



ÉPHÉMÈRES  


Début novembre 2009, suite à la parution du livre « Survivance des lucioles » de Georges Didi Huberman, je lis et traduis ‘« Il vuoto del potere » ovvero « l’articolo delle luciole»’ de Pier Paolo Pasolini, paru le 1er  février 1975 dans le journal le Corriere della sera et édité la même année dans les Scritti corsari (Ecrits corsaires), un recueil d’articles dans lesquels Pasolini livre sa pensée sur l’Italie de son époque (traduction de l’article en annexe).
Dans « L’articolo delle luciole » (l’article des lucioles), Pasolini expose les différentes formes de fascisme apparues en Italie, avec en contre point la disparition des lucioles, qu’il prend comme unité de temps et comme bioindicateur de la pensée. Le texte se divise ainsi en trois parties : avant, pendant et après la disparition des lucioles. Les insectes apparaissent comme des images du contre pouvoir  face aux différentes formes de fascisme qui se succèdent en Italie     et dont l’empire des multinationales est la dernière        manifestation. Les lucioles incarnent la singularité humaine et          la pensée poétique, en lutte avec l’univers de la consommation          devenu le modèle unique d’existence et de bonheur. Alors          que le fascisme mussolinien, malgré sa violence, n’a jamais        réussi à homogénéiser la société et à rassembler le peuple italien, le fascisme de la consommation décrit par Pasolini, lui, parvient à imposer un modèle d’hédonisme unique et centralisé, qui évince tous les autres. Ce phénomène est toujours d’actualité en Italie comme en France et bien d’autres pays, même si le terme de fascisme n’est plus approprié à mon goût. Sur la scène politique, le faciès des grosses tête a changé mais quand on cogne dessus, toujours le même son creux. Et qui,           comme Pasolini, échangerait une  luciole contre une multinationale ?       Après          l’article des lucioles, je pars à la recherche de ces                 coléoptères qui me parlent aussi du Japon, de l’enfance           et de la Vallée del Cerusa où une nuit de juillet, il y a deux ans, nous en avons surpris plusieurs essaims. Les lucioles n’ont pas complètement disparu. Le 4 novembre dans l’après-midi, l’éphémère traverse mon écran. 



L’éphémère est un insecte ailé apparu sur terre à l’âge carbonifère, il y a 280 à 350 millions d’années, après avoir survécu au cataclysme naturel qui a vu la fin des plus grandes espèces animales. Il          représente de ce fait le groupe d’insectes ailé le plus      ancien et d’un point de vue phylogénétique le groupe frère     de tous les autres ordres  d’insectes ailés. Il mesure de 3 à 40 mm et il est reconnaissable à ses deux ou trois       cerques ou « queues »,  placées au bout de l’abdomen. Son         corps est grêle et         mou. Ses ailes sont verticales au repos. Elles sont             transparentes, parfois jaunâtres ou brunâtres,                finement nervurées voire brillantes, ornées d'une tache sur leur bord avant, à l'extrémité de l'aile. Les pattes sont petites et faibles,     les yeux sont grands. Sa tête est surmontée de petites       antennes réduites à de minuscules soies. Il se développe       lui aussi dans les zones humides et doit lutter avec un milieu de vie de plus en plus hostile. Le nom d’origine         grec - ephêmeros - signifie qui dure un jour. Sa vie à l’air libre ne dure          en effet qu’une dizaine d’heures, après une vie larvaire        au contraire très longue - un à trois ans, caché  dans les fonds des fleuves, des rivières, des lacs ou des étangs. Comme ses cousins les coléoptères, les trichoptères, les diptères, et les odonates, il est    un bioindicateur   très utile pour le suivi de la qualité des          milieux aquatiques et il représente un maillon important de    la chaîne alimentaire  dans les écosystèmes d'eau douce. Il se situe eneffet entre les producteurs – les végétaux - et les consommateurs secondaires – en particulier les poissons et les oiseaux mais aussi les amphibiens, les chauves-souris, les écrevisses, les sangsues et d’autres   insectes aquatiques. Depuis une cinquantaine              d’années,      touché par la dégradation de la qualité de l’eau et la pollution en général, l’éphémère est menacé de disparaître.              Pourtant, ce poids plume qualifié   d’insecte faible et              fragile est capable de déplacer    des montagnes et de          mobiliser des populations entières,       lorsqu’il se déploie en essaims de millions d’individus.        Il arrive en effet que ses invasions perturbent la visibilité        routière et qu’une fois écoulées ses quelques heures de vie en vol, les milliers de cadavres transforment les sols en patinoires, obligeant la fermeture de ponts et de routes pendant plusieurs jours. Dans plusieurs régions      du continent américain mais aussi en Bavière, les             autorités n’ont d’autre choix que de faire appel à des           chasse-neige en plein été, pour déblayer les routes des            cadavres accumulés. De même que chaque année au Canada,            lorsque les essaims atteignent plusieurs milliards d’insectes de mai à juillet,          on dénombre après leur passage plusieurs cas de détérioration d’unités de condensation et de climatisation sur les toits des immeubles.

Ce soir j’entends les éphémères vrombir dans le ciel. Nuages gris au-dessus de ma tête. On se fait une partie de chamboule tout en écoutant Mad love de Muddy Waters.




Sarah Venturi




Lettre de l'FMR N°1

La Lettre de l’FMR
Fédération Mondiale de Ricochets
N°1, Novembre 2009

Au sommaire :
Qu’est-ce que la Fédération Mondiale de Ricochets ?
Comment nous joindre, nous rejoindre ?


Cyril Jarton, 196 galettes à ricochets et des
poussières aux couleurs des états du monde.
Sarah Venturi, Photographie, série Pas (depuis 2000)


FMR,
la Fédération Mondiale de Ricochets
est une association loi 1901 créée au cours de l’été 2009 par
Cyril Jarton, Sarah Venturi, Judith Venturi, Renaud Montel,
Chantal Jarton et Xavier Franceschi.
À l’origine d’FMR,
le goût du jeu et de l’art – jeter des galets sur l’eau pour
tracer des lignes, des cercles, faire le plus de rebonds : c’est
exactement comme la vie, vous devez rebondir le plus de fois
possible avant le coulé final.
Il existe plus de dix milles traités répertoriés sur le jeu
d’échecs, et seulement quelques lignes sur les ricochets – c’est
donc une histoire à faire, à inventer ;
au bord de l’eau, il y a une place pour l’historien.
Pour progresser
dans l’art des ricochets, il faudra explorer les méandres des
calculs de trajectoires, analyser les angles, les vitesses, les
résistances. FMR, dans ses actions et ses publications,
contribuera à développer ces connaissances théoriques et
techniques ;
au bord de l’eau, il y a une place pour le mathématicien, le
physicien, l’ingénieur.
La pratique
est bien sûr l’essentiel : nous organiserons partout où nous
serons invités, partout où nous nous inviterons nous-mêmes, des
rencontres, des concours, des performances. Le record
authentifié par le Livre Guinness des Records est actuellement
de quarante rebonds - on peut faire mieux, sûrement !
Au bord de l’eau, il y a une place pour le premier et pour le
dernier, le plus mauvais ricochet du monde nous intéresse aussi,
plouf, splash !
Qu’ils
vous coupent le souffle car au-delà de quinze ou vingt, vous
n’arrivez plus à compter les rebonds ou parce qu’après un geste
longuement prémédité, le galet s’enfonce instantanément dans
l’eau - l’important, dans les ricochets, c’est la
p o é s i e :
elle est dans le caillou que vous ramassez ou que vous
fabriquez, elle est dans votre élan, dans votre geste, dans
votre concentration au moment du lancé, elle est sur le plan
d’eau, page liquide avec reflets, ombres, couleurs, clapotis,
lignes, cercles concentriques ;
au bord de l’eau, il y a une place pour le danseur et le
peintre.
Comme le pêcheur qui surveille son bouchon, le joueur de
ricochets a besoin de l’eau. Il faut des étangs, des
rivières, des canaux, des mers, et le grand océan, bien sûr.
Nous allons défendre notre espace de jeu, parce qu’il est
fragile, menacé : rivières taries, barrées, envasées,
polluées, détruites ; des fleuves empoisonnés où on ne se
baigne plus et dont on ne mange pas les poissons - le
Rhône ; des mers entières qui disparaissent, deviennent des
désert - la mer Noire et la mer d’Aral ; des lacs détournés,
vidés, infestés de marchands et de prédateurs - le lac
Tchad, le lac Victoria.
Partout où des gens ont décidé que leurs intérêts
personnels, leurs commerces, leurs saloperies chimiques les
autorisent à abîmer, assécher, détruire, nous irons jeter
nos galets. Notre pratique est radicale, impitoyable.
Souvenez-vous que l’une des opérations aériennes les plus
audacieuses de la seconde guerre mondiale fut menée audessus
de la Ruhr, par des avions anglais, volant à très
basse altitude – ils lâchèrent à grande vitesse des bombes à
ricochets qui rebondirent plusieurs fois sur l’eau avant
d’aller pulvériser les barrages ennemis.
Notre pratique est douce, délicate, aimante.
Au bord de l’eau, il y a aussi, avec nous,
Moïse,
Homère,
Héraclite d’Éphèse,
Shi Nai-an et Luo Guan-zhong,
Claude Monet,
Jules Verne,
Hermann Melville,
Ernest Hemingway,
James Joyce,
Rogers Caillois,
Robert Smithson, 
Andreï Tarkovski,
Jean-Luc Godard,
Jean Dupuis,
Jimmy Durham 
Jim Harrison
...
Il y a, au bord de l’eau, tout individu intéressé par
l’aventure et près à se risquer pour défendre un point
d’eau, quelque part ; toute personne qui nous signalera un
étang, un plan d’eau menacé, un site où lancer un galet ;
ceux qui sont appelés par l’esprit du fleuve, les vagues de
la mer.
Cyril Jarton




Comment rejoindre La Fédération Mondiale de Ricochets ?
Dans les prochaines Lettres de l’FMR se dessineront,
progressivement, des projets, des actions, mais aussi des idées,
des oeuvres, des informations, en rapport avec notre cause.
L’association et la Lettre bimensuelle sont ouvertes à toutes les
suggestions qui seront ensuite discutées par les membres. Pour
devenir membre de la Fédération Mondiale de Ricochets, il suffit
de proposer un projet, un texte, une action, une aide, ou
simplement de manifester le désir de se rendre utile. Vous pouvez
nous écrire à l’adresse suivante : Fédération Mondiale de
Ricochet, 41 rue de Nantes, Paris 75019 ou nous contacter par
mail : fm.ricochets@gmail.com